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Valls, morne terre du discours politique (et accents populistes)


 

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Beaucoup on apprécié le discours du premier ministre, je suis de ceux qui entende dans ce discours l’ombre des communiquants. C’est un discours politique dans tout ce qu’il a de plus formaliste, rituel, dénudé d’âme, de poésie, de souffle.

J’aurai attendu de l’imagination, de l’audace, du goût, et me voila avec du surgelé. Certes l’étiquette est belle, mais rentrons dans le détail.

Dans les tous premiers instants de son discours, Valls ébauche une analyse du vote sanction qui a frappé l’exécutif. Si on peut rejoindre le premier ministre sur le manque de souffle et d’espoir,  rapidement le discours prend des accents populistes, Poujade sort de ce corps!!!! 

« Et puis il y aussi cette exaspération quand, à la feuille de paie déjà trop faible, s’ajoute la feuille d’impôt trop lourde » Le ras-le-bol fiscal, axe de communication de l’ancien gouvernement continu. Pas un mot par la suite sur une réforme fiscale, sur un chemin qui réduirait les inégalités devant l’impôt et les inégalités. L’impôt pèse lourdement sur les classes moyennes. Le document ci-dessous donne une idée du chemin à faire pour en arriver à une fiscalité plus juste. La suppression des cotisations salariales pour les smicards est un petit pas, mais l’ambition est faible et réduit le financement de la sécurité sociale. Si les 500 euros annuels servent à compenser une baisse des remboursements de santé ou d’allocations où est le gain ?

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« Je dirai donc la vérité aux Français. Je la leur dois. » : On en revient au principe selon lequel si les Français votent mal, c’est qu’ils ne connaissent pas la vérité et qu’un homme éclairé doit la leur dire.

« J’ai vu, j’ai écouté ces retraités qui, à l’issue d’une existence d’efforts, vivent avec une maigre pension ; ces ouvriers qui attendent, depuis trop longtemps, de pouvoir retravailler; ces salariés précaires pour qui le quotidien n’est pas le travail, mais la survie ; ces patrons de PME, ces artisans, ces commerçants qui n’ont qu’une seule obsession : sauver leur activité pour sauver leurs équipes ; ces Agriculteurs, attachés à leur exploitation, qui font face à l’endettement et aussi à une forme de solitude. J’ai vu ces visages fermés. Ces gorges nouées. Ces lèvres serrées… »

Ces accents Jaurésiens sont rapidement interrompu par le discours de l’ex ministre de l’intérieur qui tout en condamnant les replis nationaux et le communautarisme prend le ton de la fermeté.

Ce qui est choquant c’est de mettre au même niveau la crise économique et le terrorisme ou les atteintes aux personnes (« Notre société est traversée par la violence. Il y a la menace terroriste qui s’est globalisée et qui pèse sur nos démocraties. Il y a surtout la violence du quotidien. »). Certes des actes des délinquances existent, et des actes terroristes peuvent éventuellement être commis, mais ceci reste à la marge. Majoritairement nous vivons dans une société assez sûre, dans laquelle le risque d’être agressé demeure marginal. La crise elle, frappe tout le monde.

Comme beaucoup les politiques, Valls utilise la délinquance et le terrorisme comme des épouvantails pour apparaître comme un homme providentiel. Il agite la peur du désordre pour réclamer l’obéissance la soumission au pouvoir en place. La violence économique ? Cette violence quotidienne elle qu’il évoquait, qu’elle place occupe t’elle dans le discours ?

Dans le blabla du premier ministre, on note bien sûr toute sa volonté de faire de l’économie française une économie de pointe, technologique, avec une belle balance commerciale : sur ce point, l’accord est général.

Si on met de coté la partie du discours, sympathique certes, sur le fait que gouvernement en démocratie c’est débattre et décider, la suite sera une ode à la politique de l’offre. Avec des points hallucinants en 2014.

Le coût du travail est ciblé sans surprise. On reparle d’exonération totale de charge pour les salaires égaux au SMIC. Pour rappel, ce type de politique mis en place depuis le milieu des années 90 ne conduit les entreprises à embaucher au maximum au SMIC et à éviter les augmentations. Rien ne permet de penser que ce type de politique à permis depuis 17 ans la création d’emploi. Le coût pour les finances public est lui connu.

Valls énumère les principales mesures visant à réduire le coût du travail, Le véritable tour de passe-passe est que l’ensemble de ces exonérations seront compensées et que la politique familiale ne sera pas impactée. L’une des explications du tour de magie tient aux économies attendues par la MAP c’est-à-dire en continuant de réduire le nombre de fonctionnaires et le coût de fonctionnement des administrations. Le discours de vérité du premier ministre n’évoque pas la baisse de la qualité des services dû à cette politique, sur la désertification des territoires ruraux qui s’accélère (éloignement des hôpitaux, des tribunaux, réduction du nombre de casernes (et donc de la vie inhérente à la présence de militaire)….).

Mon discours de vérité m’oblige à affirmer que nécessairement les économies se feront quelques part et sans doute sur l’une des branches de la sécurité sociale.

Le Premier Ministre évoque l’école et le logement. Rapidement, parce que ce sont des sujets vastes (ce que l’économie n’est pas ?)

Enfin nous arrivons de nouveau dans ces déclarations générales qui font le génie de l’homme politique

« La réalité je l’ai décrite. Elle atteint le moral des Français. Car ce qu’il manque dans leurs yeux, c’est la confiance en eux-mêmes » Beau renversement, j’avais cru comprendre que ce qui manquait aux français c’était la confiance dans leur représentants.

Il y a encore de belle envolé sur la jeunesse, l’espoir à rendre aux quartiers populaires, la réforme pénale, la tolérance, la laïcité et la famille.

Cela pourrait être un beau discours, s’il n’était pas si engoncé dans une sémantique politique classique et usée jusqu’à la trame. « La parole publique est devenue pour eux une langue morte. » annonce le Premier Ministre. C’est pourtant dans cette langue qu’Emmanuel Valls a rédigé son discours.