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Faire de la politique autrement 2: Construire ensemble (de la question des contres pouvoirs dans un parti politique et mandat imperatif)


Faire de la politique autrement, comme je tentais de l’argumenter dans mon premier billet, est donc partir à la recherche des causes profondes du désamour entre les citoyens et leurs représentants . Il s’agit de construire un parti politique à partir de la population même qui ne se reconnait plus dans les choix qui leur sont proposés à chaque élection. Cela peut sembler une gageure:  ces citoyens qui ne se déplacent même plus dans un bureau de vote lors des élections pourraient constituer le terreau d’une nouvelle force politique?

Il me semble de ma place de citoyen que nombre de Français pourraient aspirer à participer à une nouvelle forme d’engagement politique. Ce que nous tentons, bien que nous ne soyons encore qu’une poignée, de faire au M.U.P est de proposer le cadre, la structure, qui donne à un tel mouvement ses conditions vitales d’existences. Il s’agit de créer un mouvement ouvert qui ne s’enferme pas dans une ligne politique dogmatique, de créer une force politique qui reste indépendante autant que faire ce peu de la pression des élections.

Francois Parlant (pour le citer à nouveau) énonce parfaitement le risque qu’encours tout parti politique, en création ou non: Toute formation risque de s’inscrire dans un risque de reproduction en vase clot de ses « cadres » et de fait de se couper des personnes et idées nouvelles qui naissent quotidiennement sur le terrain. Il s’agit dès lors de créer un mouvement qui apprécie autrement son rôle que dans les partis traditionnels.

La première question est celle de la circulation des individus dans et en dehors du parti. Il s’agit de créer un mouvement qui soit à la fois suffisamment solide et stable pour compter sur l’échiquier politique et pour autant qui ne soit composé que marginalement de « professionnel » de la politique. Toute la difficulté réside dans cet équilibre dans lequel un mouvement populaire doit se maintenir.

je m’explique:

– Il me semble qu’un parti ne peut se passer d’un noyau de personnes travaillant autant que faire ce peu à construire le mouvement, à lui donner une place publique, une place parmi les partis politiques. Imposer des idées nouvelles nécessite que certains d’entre nous construisent des relais parmi les autres partis politiques, avec la presse. Il y a un vrai travail technique aussi de connaissance de la loi, des institutions, de façon à rendre nos propositions crédibles et directement applicables. Le fait même qu’un parti dispose de permanent, nous l’avons vu, favorise l’apparition d’une coupure entre le souci des permanents de conserver leurs postes et le travail de résolution des problèmes économiques et sociaux. Il y a un réel noeud gordien entre cette nécessité d’avoir des personnes qui disposent d’un savoir technique et de temps et la nécessite de ne pas se couper de la base et de ne pas récréer un régime technocratique dans le parti même.

– il est donc nécessaire de prévoir des mécanismes régulateurs dès la fondation du parti de façon à assoir les bases d’une nouvelle forme d’organisation qui protège le but que nous servons: Inclure un maximum de gens « issue » de la société civile dans les instances dirigeantes du parti pourrait être l’une des clefs. Je pense au mode d’organisation des associations. Leur conseil d’administration (extérieur à l’activité immédiate et quotidienne des personnels de l’association) intervient pour interroger le directeur sur le lien entre les missions que l’association se donne et les moyens qu’elle met en oeuvre pour y parvenir. De ce dialogue entre professionnel et conseil d’administration peuvent apparaitre de nouvelles idées, de nouveau mode d’organisation, de nouveaux chantiers. Le conseil d’administration dispose d’un pouvoir réel sur l’institution, un pouvoir financier, un pouvoir décisionnaire… .

De la même façon, il me semble qu’un parti politique pourrait se doter d’un « conseil d’administration » dont le rôle serait de servir de contre-pouvoir interne (finalement) aux élus et permanents qui travaillent quotidiennement à la gestion et au développement du parti. Plus qu’un simple contrôle par les militants lors des assemblées générales électives ou des congrès qui rythme la vie des organisations syndicales et politiques existantes, les administrateurs auraient finalement un droit de regard plus important, peut être plus indépendant sur la direction que prend le parti.

Ce contre-pouvoir ne dispense pas de réfléchir à la façon même dont les responsabilités sont distribuées au sein du parti. Nous savons, historiquement, toutes les réticences que le mandat impératif a rencontrées dans les systèmes politiques. Difficile à mettre en oeuvre sur l’ensemble d’un territoire il pourrait prendre une place dans un parti politique. L’idée n’est pas de définir totalement les méthodes et les actions à entreprendre pour les individus nommés par ce type de mandat. Il s’agirait plutôt de fixer une ligne directrice que le porteur du mandat se sentent en capacité de réaliser. Les porteurs de mandats seraient donc choisis pour accomplir une tache (organiser le travail de telle ou telle commission, monter un  réseau dans un but défini…) pour un temps défini.

Ce sont, pour l’heure, les deux pistes que je suis capable d’imaginer pour tenter d’éviter dans l’organisation même d’un mouvement, la coupure entre les membres de l’exécutif (élus, permanents…) et la société dans son ensemble.

J’ouvre ici a vos idées, vos proposions, sur cette question.

faire de la politique autrement 1: Porter un constat de crise démocratique (abstention et représentativité)


LE 22 mars, les élections régionales seront derrière nous. Il est plus que probable que la quasi-totalité de ces régions soit alors dirigée par un conseil régional représentant l’union de la gauche. Cette victoire annoncée ne doit pas être banalisée. Elle marque une lassitude des citoyens « actifs » d’une politique sarkoziste dont nous sentons durement les effets aujourd’hui. La question du « bouclier sociale’ que les régions comptent opposer au « bouclier fiscal » mis en place illustre la profonde divergence de manière de faire entre la droite et la gauche.

La joie de voir la politique antisociale du gouvernement désavoué ne doit pas nous cacher le problème de fond que connait le monde politique.  Depuis 1986 les élections régionales sont « boycottées » par au moins 25% des électeurs, les élections législatives voient leur taux d’abstention tourner entre 21 et 40 % d’abstention depuis 1981. Ce taux d’absentéisme a de plus tendance à grimper année après année.  (source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Abstention_en_France)

Une société ne peut se dire démocratique  sans se poser honnêtement la question de l’abstention. Honnêtement, c’est a dire en dehors de l’analyse portée en période électorale, c’est à dire en dehors toute tentation de récupération politique de ces citoyens qui  se maintiennent en dehors des élections. C’est l’ensemble du système qui doit se remettre en cause en commençant par acter qu’il n’est plus en capacité de fédérer réellement les citoyens dans les bureaux de vote.

À l’abstention il est nécessaire d’ajouter ces citoyens qui votent « contre » une formation politique qui porte des projets et des valeurs que ces citoyens rejettent. Il faut ajouter les citoyens qui votent pour faire barrage. Barrage à l’extrême droite, barrage à la politique de casse du service public, barrage à la gauche, barrage au socialisme… . Si ces citoyens-là se déplacent, votent, on ne peut faire l’économie de leur problème et leur problème est la question de la représentativité.

Le système politique que nous avons choisi s’appuie sur cette notion de « représentation »  nous déléguons quelques individus dans lesquels nous nous reconnaissons pour qu’ils portent des projets en accord avec des principes dans lesquels nous nous reconnaissons. En admettant que des citoyens usent d’un vote-barrage, nous admettons qu’ils ne se reconnaissent dans aucune formation politique existante. De fait, bien qu’ayant voté pour faire obstacle au pire, ils se retrouvent non représentés dans les instances décisionnaires.

Au confluent de l’abstention et du vote barrage, nous trouvons une cause commune. Le sentiment fort que le monde politique est coupé du monde social. Que nos élus ne connaissent que mal la société et les difficultés que leurs administrés rencontrent.

L’homéostasie du monde politique peut en ce sens être effrayante. En dépit des échecs qu’a rencontrés le P.S lors des élections de 2002, 2004, 2007… malgré la volonté de réforme du parti, il retombe régulièrement sur ses bases. L’absence de figure nouvelle est anecdotique, ce qui l’est moins c’est l’incapacité à se reformer comme force de gauche portant des valeurs alternatives à celle de la société de libre marché capitaliste. Le P.S n’a sans doute pas vocation à être révolutionnaire, il a vocation a être réformiste. La réforme est une arme qui bien maniée peut être un outil aussi efficace (et moins traumatisant) que la révolution. Le P.S doit se poser la question de la répartition des richesses: dans les Échos du 9 avril 2009 paraissait une courbe intitulée « le partage de la valeur ajoutée dans les sociétés non financières ». L’analyse du graphique montre sans ambiguïté que la part de rémunération plonge depuis 1983 alors que celle de la marge continue d’augmenter, 100 milliards d’euros qui en 1983 allaient aux salariés nourrissent aujourd’hui l’augmentation de la marge. 100 milliards d’euros!  La gauche ne peut éviter de se poser la question d’un réajustement de la marge par apport aux salaires.

Sarkozy et son gouvernement ne mènent pas une politique qui est plus en lien avec la société dans la quel nous vivons. Malgré les manifestations, la colère des syndicats, le mal-être « visible » des salariés, leur politique de gestion capitaliste ne fléchit pas. Le gouvernement prétend gérer la société comme on gère une entreprise privée. La chasse à la réduction des coûts est lancée: diminution du nombre de fonctionnaires par deux, vente du patrimoine immobilier de l’état, fermeture de tribunaux, casernes et hôpitaux.

Si l’objectif d’un gouvernement est la diminution des coûts, j’entends qu’a minima il applique correctement cette philosophie.  La réduction du nombre de fonctionnaires par deux rapportera au mieux et à terme 500 millions par ans à l’état. Le bouclier fiscal a « couté » 578 millions à l’état en 2007. (source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Bouclier_fiscal), si on ajoute les différents dégrèvements d’impôts consentis par le gouvernement (ex: baisse de la tva dans la restauration: 2.5 milliards d’euros en estimation basse). On observe que les économies réalisées par le gouvernement ne couvrent pas les nouvelles dépenses.

Nous reparlerons du cout social de la diminution des fonctionnaires par deux: Justice, Education Nationale, Police, Hôpitaux…

Pour conclure ce premier et long billet sur la question de l’abstention et de la représentativité je voulais citer l’économiste Francois Partant:

« Aujourd’hui les électeurs ne votent pas pour les représentants de leur choix, ils ne peuvent voter que par les candidats désignés par les partis. Subtile élection au deuxième degré, qui assure la stabilité de la classe politique. Depuis le début de la Veme République, cette classe se reproduit elle-même sans aucun scrupule. Le chef d’État choisit les hommes qui lui conviennent et les transforme en notables en leur confiant des postes de responsabilité. Puis ces notables se présentent à la députation et sont élus puisqu’ils sont des notables (ou grâce aux manoeuvres qui permettent d’orienter le vote). Les électeurs entérinent les choix de l’État. Mais les représentants du peuple ne représentent en réalité que le pouvoir lui-même. » (que la crise s’aggrave, francois Partant, 1979)

Cette question du « choix » de représentants proposé au peuple par les partis politiques, cette « subtile élection au deuxième degré »  dont parle Partant doit être l’un des points de réflexions principaux d’une réforme du monde politique. Si les hommes politiques apparaissent aujourd’hui aussi loin du peuple c’est que le mécanisme de cooptation est utilisé depuis trop longtemps et  que ces fils en sont devenus visibles.

Partant poursuit  » Il est évident que le contrôle populaire sur cette classe dirigeante est nul. Une délégation de pouvoir donnée tous les 5,6,7 ans… n’est qu’un blanc seing à perpétuité » les évènements s’enchainant (déjà en 1979) la population est « sur abreuvée de faits et de commentaires contradictoires, mais sous informés.. »

Le Mouvement Unitaire Progressiste initié par Robert Hue est une construction politique d’une forme nouvelle qui à pour but d’amener les citoyens privés de voix à être entendu par le monde politique, a accéder aux responsabilités. Loin de posséder toutes les réponses aux questions posées par la crise institutionnelle que nous connaissons, nous travaillons à construire peu à peu un chemin qui permette de sortir de l’ornière. En attendant vos contributions, je vous souhaite la bienvenue sur ce blog.

Sébastien Chinsky