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bilan de la vidéo surveillance


j’évoquais dans un billet sur le lopsi II la volonté du gouvernement de généraliser la vidéo surveillance. La cours des comptes régionale ainsi que des chercheurs du cnrs ont étudié l’impact et le coût de l’implantation de caméras sur la ville de lyon

  1. commençons par le coût:

– la ville deLyon a dépensé en moyenne 855 000 euros par an depuis 2003 pour l’installation des caméras

– la ville dépense en moyenne 200 000 euros par an de maintenance et de fonctionnement du système de caméras
– les salaires des 29 agents du centre de supervision urbaine, soit au
moins 900 000 euros par an. (29 agents en 2009. Le service tourne 24h/24, avec 7 équipes de 3 personnes se relayant)

– S’ajoutent enfin le coût des locaux et des
équipements du CSU ainsi que les coûts d’audits d’installation et d’évaluations annuelles, généralement confiés à des cabinets privés.
Pour les chiffres connu nous voila donc avec une ardoise pour les lyonnais de plus de 2 millions d’euros par ans.
En 2009-2011 la mairie entend augmenté le nombre de caméras de vidéo surveillance (les caméras sont passées de 59 à 183 entre 2001 et 2007 et devait monter à 219 en 2009).
Cette augmentation du nombre d’installation entrainera une augmentation des coût de fonctionnement et d’entretien.
2- passons aux résultats:
Selon les informations du CSU, en 2008 les faits
signalés ont entraîné environ 200 interpellations (sans doute un peu plus car le CSU n’a pas systématiquement de communication des suites données par la police nationale), soit une moyenne d’environ 1 procédure par caméra et par année.
Par ailleurs, les images ont été requises dans 322 procédures judiciaires, soit une moyenne d’environ 1,7 procédure par caméra et par année. Ce qui est vraiment très faible.
La même année (2008), la police nationale a enregistré sur la ville 47 257 crimes et délits, dont 20 604 dits de voie publique.
Les chercheurs de conclure que:
« l’impact de la vidéosurveillance sur la délinquance constatée par la police nationale à Lyon est de l’ordre de 1 %. « 

les magistrats de la cours des comptes sont encore plus sévère dans leur jugement du dispositif:
« Ainsi, en l’état actuel des données, relier directement l’installation de la vidéosurveillance et la baisse de la délinquance est pour le moins hasardeux. Si l’on compare, par exemple, l’évolution de la délinquance de voie publique entre Lyon, qui a fortement investi dans ce domaine, et Villeurbanne, où la commune n’a pas souhaité s’y engager, on observe que la baisse est la plus forte dans la commune qui ne bénéficie d’aucune caméra de voie publique ».

Quand l’on songe que le plan interministérielle de prévention de la délinquance 2009-2011 s’appuie en grande partie sur la généralisation de la vidéo surveillance pour résoudre le problème de l’insécurité on peut commencer à s’alarmer:
En plus d’être couteux ce dispositif est efficace à la marge.
Les industriels ayant investit dans ce secteur peuvent se frotter les mains en dépits de la faible efficacité de leur produits l’Etat et les collectivités locales s’en équiperons.
Finalement l’Etat n’est pas en faillite, il peut se payer le luxe d’acheter des gadgets inutiles!
Enfin reste la question de l’emploi: l’argent investit dans la vidéo surveillance ne sera pas investit dans la police de proximité, dans des éducateurs de quartiers, dans des structures d’insertion, ni dans une politique de l’emploi…. .
Donc ni de création de postes « humains » pour prendre en charge les personnes vivants dans des quartiers sensibles ni de renforcement des dispositifs d’aides aux personnes en difficultés du vent quoi !
ps: Ce billet s’appuie fortement sur l’article de laurent muchielli dont je remercie l’implication et le travail.

Surpopulation dans les crèches?


La secrétaire d’Etat à la famille vient de proposer un projet de décret modifiant les règles de fonctionnement des crèches. Il s’agit de « permettre » à ces établissements d’accueillir plus de jeunes (jusqu’à 120%) avec un personnel qui, potentiellement, pourra être moins formé. Mais après tout à t’on besoin d’un bac+4 pour changer des couches ? (Pour reprendre une remarque fort sage de notre président).

La crèche peut être conçu comme un lieu d’accueil prodiguant des soins simples aux enfants : nourriture, hygiène et discipline. Assurer ses tâches rudimentaires ne nécessite ni encadrement particulièrement qualifié ni un encadrement important. Elle peut aussi être conçu comme LE premier lieu de socialisation des enfants, comme un lieu d’éveil, de jeux. La crèche peut être conçu comme un lieu éducatif, comme un lieu d’écoute de l’enfant, de ses besoins psychologiques et matériels.

Dans ses premières années de vie l’enfant construit les bases de son rapport au monde. Il interagit avec les autres enfants avec lesquels il joue, mais aussi avec le monde adulte. Il pose la question de la confiance qu’il peut accorder à l’adulte. Cette confiance est en lien avec la sécurité que lui propose l’adulte référent. Les questions que posent l’enfant sont « suis-je protéger si j’ai un problème avec un autre enfant ? », « Suis-je digne d’attention des adultes dans le groupe ? » Ceci pose la question du comportement qui permet d’obtenir de l’attention. L’enfant peut obtenir cette attention par des pleures, des rires, jeux, dans l’échange avec l’adultes, dans la réalisation d’activités… . Si l’enfant ne peux obtenir de l’attention que lorsque il pleur ou fait des bêtises ses deux comportement seront renforcés. Si l’enfant perçoit que l’adulte n’a pas le temps de se consacrer à lui il risque de considérer qu’il ne compte pas.

La crèche n’est pas un simple lieu de passage. C’est le lieu où nos enfants passent le plus de temps dans la période allant jusqu’à leurs 3 ans. Ils restent à la crèche dans des plages horaires importantes 5 jours par semaines entre 8h, 8h30 et 18h, soit entre 9 et 10 h par jour. Les parents les récupèrent en réalité pour quelques instants de jeux précédent le rituel du soir : bain, repas et coucher.

Quand on parle d’éducation des enfants il est essentiel de garder en tête que finalement nos enfants passent la majorité de leurs temps en dehors de la cellule familiale et ce dès le plus jeune age.

Les structures qui accueillent les enfants ont un coût. On peut estimer que ces structure coûtent cher et, comme madame Morano, chercher des solutions pour limiter leur coût de fonctionnement : moins de personnels pour plus d’enfant, moins de personnels qualifiés pour moins de salaire à payer.

On peut estimer qu’au vue des événements essentiels pour le développement de l’enfant qui se déroule en leur sein, ces structure sont finalement sous doter.

Rappelons nous que notre président est celui qui avait commandé et défendu le Rapport BENISTI[1]. Rapport qui prétendait que les comportements déviants apparaissaient dès la prime enfance et devait être repéré et traiter au plutôt. Il y a un certain manque de cohérence entre la défense de ce rapport et le projet de diminuer les moyens humains dans les crèches et dans les écoles maternelles (frappées comme les autres par la révision globale des politiques publiques et l’objectif de ne conserver qu’un fonctionnaire sur deux). L’incohérence du gouvernement est ici frappante.

L’incohérence est d’autant plus importante quand le même gouvernement menace les parents « démissionnaires » de sanctions. Nous ne pouvons accepter que dans le même temps l’Etat diminue la qualité de la prise en charge de nos enfants par des structures qui dépendent de lui, tout en taxant les parents qui rencontrent des difficultés avec leur enfant d’incompétent de de démissionnaire. Pour que l’Etat soit légitime à porter un jugement sur les parents, il est nécessaire que pour sa part il ne puisse être taxé de mener une politique démissionnaire vis-à-vis de l’enfance et de la petite enfance.

Or ce n’est pas le cas. La diminution des moyens et des personnels dans l’ensemble des lieux éducatifs dont l’état à la responsabilité est une constante.

On ne peut gérer l’ensemble du système éducatif d’un pays comme l’on gère une entreprise. La rentabilité d’un milieu éducatif ne peut se compter au moyen des seuls ratios d’encadrement. La qualité des intervenants et leur nombre est de première importance dans les crèches comme dans tout les lieux d’enseignement.

Si nous acceptons le fait que la crèche est le premier lieu de socialisation pour nos enfants, nous admettons qu’en ce lieu se forme les fondations de ce que sera la relation d’un enfant au monde.

En tant que père d’une petite fille de 2 ans (et quelques mois ce qu’elle ne me pardonnerait pas d’oublier), je suis tributaire de ce que la créche peut proposer à ma fille. La créche est un lieu qui s’impose à moi autant qu’a ma fille. Si je la laisse en confiance le matin c’est parceque je peux croire qu’elle sera bien accueilli, que des professionnelles formés, disponibles et bienveillants seront à ces côtés. Penser que l’un de mes enfants pourraient se retrouver dans un lieu où les enfants sont trop nombreux (par apport aux encadrants et aux locaux), où le personne n’est pas formé (où peu formé), et où elle risque de se voir refuser les soins et l’attention dont elle a besoin m’est insupportable. Et pour autant je sais que c’est le projet de Madame Morano.

Bien sur mes enfants seront confronté à l’école au problème de la surpopulation des classes mais ils l’affronteront d’autant mieux que leur première expérience du collectif aura été bonne. La créche est l’école de l’école, il est temps de revaloriser ce premier lieu d’apprentissage .


[1] Le problème du rapport benisti résidait essentiellement dans la tendance à faire de comportement passager de l’enfant des signes d’une déviance qui interviendra inévitablement dans son futur. Benisti préconisait donc de prendre en charge des enfants pour des comportements dont l’anormalité présente n’était pas évidente au nom de ce que ces enfants pourraient devenir plus tard.

Le misère économique c’est de l’argent à prendre (ou de la privatisation des jeux d’argent)


La fin du monopole de la française des jeux sur les jeux d’argent doit intervenir avant le prochain mondial de football selon le gouvernement de façon à rendre « légale » le pari et ligne pour cette occasion.

La question des jeux d’argent, du Lotto et de ses dérivés, des paris sportifs, est une question éminament sociale: Si la notion de jeu existe, la notion de gain est dominante. On joue au Lotto dans l’espoir d’être le gagnant. Une société qui joue est une société qui rêve de posséder. C’est un individu qui sait que pour réaliser ses rêves de possession il ne lui reste que la chance d’avoir le ticket gagnant. C’est une personne qui vivant dans la « déche » espère qu’un coup de dé viendra le sauver.

Il s’agit de savoir comment on échappe au poids de la vie, à la souffrance de ne rien avoir, à la certitude de n’avoir rien à espérer… . On joue parce que il faut bien avoir un rêve. Et de la cagnotte nous en rêvons tous.

Ce que j’estime être  révoltant dans la « privatisation » du jeu d’argent est le mécanisme suivant: Des pauvres jouent en masse dans l’espoir de devenir riche et par là même nourrissent des entreprises qui dégagerons des marges. Ces marges seront redistribuées aux cadres et aux actionnaires. Il s’agit d’un processus par lequel une entreprise, en s’appuyant sur le désespoir des masses, prend de l’argent aux pauvres pour le redistribuer aux riches. En un mot un scandale.

Quand on scandale la vie d’un joueur de rapidos qui attend tout les 15 minutes de voir l’argent qu’il a investit disparaître dans les caisses de la française des jeux, quand on voit disparaître les sommes que peuvent perdre les joueurs de P.M.U, on ne peut qu’être choqué de voir cette manne venir nourrir le système capitaliste et renforcer des fortunes déjà bien établies.

Aujourd »hui le chiffre d’affaire de la française des jeux est réparti de la façon suivante: 37,5% revient à l’état, 50% au gagnant, 12% pour la française des jeux. Ce système est imparfait mais présente l’insert de fonctionner comme une « Tontine »: l’argent investit est reversé à l’un ou plusieurs des participants, le reste à l’état (la française des jeux est une entreprise public).

La part revenant à l’Etat peut être assimilé à un « impôt » volontaires. Par nature l’argent collecté est utilisé au service de la collectivité ce qui rend « acceptable » le jeu.

Voyons les arguments :

– Le gouvernement justifie sa  loi par la présence de 25 000 sites illégaux dans le monde et la nécessité de « protéger les consommateurs en les amenant à jouer sur des sites légalisés qui, de ce fait, seront contrôlés et encadrés ». L’argument est intéressant mais illusoire légaliser une centaine de sites n’aura aucun incidence sur les milliers d’autres qui resteront accessibles (voir billet sur la lopsi est sur l’illusion de pouvoir filtrer le net). D’autre part comme le signal le psychiatre Marc Valleur, médecin-chef au Centre médical de Marmottan, à Paris : « en migrant sur Internet, le jeux d’argent constitue un très fort facteur d’attractivité supplémentaire. Il devient en premier lieu accessible en permanence dans un domicile transformé en casino bien réel ouvert 24 heures sur 24. Ensuite, il se pratique en solitaire, seul derrière son ordinateur, ce qui fait disparaître le regard social critique de l’autre ».

On le voit l’idée de « protéger » le joueur est battu en brèche par les faits. De grands groupes audio-visuel (France télévision, TF1, M6, l’équipe, le parisien, RMC) envisage de prendre une part du gâteau en s’associant avec des entreprises de pari ((Betclic, Unibet, Française des jeux). L’offre risque donc de s’étendre et de s’offrir une vitrine publique entraînant ainsi un nombre plus important de joueurs.

– Le gouvernement indique qu’il obéit à une injonction de la commission européenne. Or la Cour de justice des communautés européennes a reconnu à l’Etat portugais, le 8 septembre, le droit de conserver son monopole sur les jeux au  nom d’impératifs de santé public. Il n’y a donc pas de pression insurmontable de l’Europe pour libéraliser ce pan de l’économie.

Reste donc poser la question de l’intérêt pour l’Etat de se lancer dans la privatisation de ce secteur si ce n’est un cadeau fait aux grands groupes.  Moi qui pensait que la politique était au service de l’intérêt commun…