La secrétaire d’Etat à la famille vient de proposer un projet de décret modifiant les règles de fonctionnement des crèches. Il s’agit de « permettre » à ces établissements d’accueillir plus de jeunes (jusqu’à 120%) avec un personnel qui, potentiellement, pourra être moins formé. Mais après tout à t’on besoin d’un bac+4 pour changer des couches ? (Pour reprendre une remarque fort sage de notre président).
La crèche peut être conçu comme un lieu d’accueil prodiguant des soins simples aux enfants : nourriture, hygiène et discipline. Assurer ses tâches rudimentaires ne nécessite ni encadrement particulièrement qualifié ni un encadrement important. Elle peut aussi être conçu comme LE premier lieu de socialisation des enfants, comme un lieu d’éveil, de jeux. La crèche peut être conçu comme un lieu éducatif, comme un lieu d’écoute de l’enfant, de ses besoins psychologiques et matériels.
Dans ses premières années de vie l’enfant construit les bases de son rapport au monde. Il interagit avec les autres enfants avec lesquels il joue, mais aussi avec le monde adulte. Il pose la question de la confiance qu’il peut accorder à l’adulte. Cette confiance est en lien avec la sécurité que lui propose l’adulte référent. Les questions que posent l’enfant sont « suis-je protéger si j’ai un problème avec un autre enfant ? », « Suis-je digne d’attention des adultes dans le groupe ? » Ceci pose la question du comportement qui permet d’obtenir de l’attention. L’enfant peut obtenir cette attention par des pleures, des rires, jeux, dans l’échange avec l’adultes, dans la réalisation d’activités… . Si l’enfant ne peux obtenir de l’attention que lorsque il pleur ou fait des bêtises ses deux comportement seront renforcés. Si l’enfant perçoit que l’adulte n’a pas le temps de se consacrer à lui il risque de considérer qu’il ne compte pas.
La crèche n’est pas un simple lieu de passage. C’est le lieu où nos enfants passent le plus de temps dans la période allant jusqu’à leurs 3 ans. Ils restent à la crèche dans des plages horaires importantes 5 jours par semaines entre 8h, 8h30 et 18h, soit entre 9 et 10 h par jour. Les parents les récupèrent en réalité pour quelques instants de jeux précédent le rituel du soir : bain, repas et coucher.
Quand on parle d’éducation des enfants il est essentiel de garder en tête que finalement nos enfants passent la majorité de leurs temps en dehors de la cellule familiale et ce dès le plus jeune age.
Les structures qui accueillent les enfants ont un coût. On peut estimer que ces structure coûtent cher et, comme madame Morano, chercher des solutions pour limiter leur coût de fonctionnement : moins de personnels pour plus d’enfant, moins de personnels qualifiés pour moins de salaire à payer.
On peut estimer qu’au vue des événements essentiels pour le développement de l’enfant qui se déroule en leur sein, ces structure sont finalement sous doter.
Rappelons nous que notre président est celui qui avait commandé et défendu le Rapport BENISTI. Rapport qui prétendait que les comportements déviants apparaissaient dès la prime enfance et devait être repéré et traiter au plutôt. Il y a un certain manque de cohérence entre la défense de ce rapport et le projet de diminuer les moyens humains dans les crèches et dans les écoles maternelles (frappées comme les autres par la révision globale des politiques publiques et l’objectif de ne conserver qu’un fonctionnaire sur deux). L’incohérence du gouvernement est ici frappante.
L’incohérence est d’autant plus importante quand le même gouvernement menace les parents « démissionnaires » de sanctions. Nous ne pouvons accepter que dans le même temps l’Etat diminue la qualité de la prise en charge de nos enfants par des structures qui dépendent de lui, tout en taxant les parents qui rencontrent des difficultés avec leur enfant d’incompétent de de démissionnaire. Pour que l’Etat soit légitime à porter un jugement sur les parents, il est nécessaire que pour sa part il ne puisse être taxé de mener une politique démissionnaire vis-à-vis de l’enfance et de la petite enfance.
Or ce n’est pas le cas. La diminution des moyens et des personnels dans l’ensemble des lieux éducatifs dont l’état à la responsabilité est une constante.
On ne peut gérer l’ensemble du système éducatif d’un pays comme l’on gère une entreprise. La rentabilité d’un milieu éducatif ne peut se compter au moyen des seuls ratios d’encadrement. La qualité des intervenants et leur nombre est de première importance dans les crèches comme dans tout les lieux d’enseignement.
Si nous acceptons le fait que la crèche est le premier lieu de socialisation pour nos enfants, nous admettons qu’en ce lieu se forme les fondations de ce que sera la relation d’un enfant au monde.
En tant que père d’une petite fille de 2 ans (et quelques mois ce qu’elle ne me pardonnerait pas d’oublier), je suis tributaire de ce que la créche peut proposer à ma fille. La créche est un lieu qui s’impose à moi autant qu’a ma fille. Si je la laisse en confiance le matin c’est parceque je peux croire qu’elle sera bien accueilli, que des professionnelles formés, disponibles et bienveillants seront à ces côtés. Penser que l’un de mes enfants pourraient se retrouver dans un lieu où les enfants sont trop nombreux (par apport aux encadrants et aux locaux), où le personne n’est pas formé (où peu formé), et où elle risque de se voir refuser les soins et l’attention dont elle a besoin m’est insupportable. Et pour autant je sais que c’est le projet de Madame Morano.
Bien sur mes enfants seront confronté à l’école au problème de la surpopulation des classes mais ils l’affronteront d’autant mieux que leur première expérience du collectif aura été bonne. La créche est l’école de l’école, il est temps de revaloriser ce premier lieu d’apprentissage .