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L’abstention est aussi l’échec de notre système éducatif!


ImageDe nombreux commentateurs interviendrons sur la question de la défaite de la gauche aux dernières municipales. Tantôt nous verrons ce vote sanction justifié par un manque de pédagogie, par le manque d’explication de  la politique mené par le gouvernement Héraut, Tantôt le rejet de la politique menée depuis presque deux ans par François Hollande.

D’autres que moi commenteront la montée de FN, la crise de confiance en la politique, l’abstention.

En tant que progressiste, une question d’un autre ordre me parait de voir se poser. Elle se résume en terme simple : En considérant l’affaissement de notre démocratie, quels sont les  facteurs qui peuvent participer à la revitaliser

Il est évident que la position portée par le MUP depuis 2009 et par le NEP : faire de la politique autrement (c’est-à-dire redonner du pouvoir aux citoyens) est une des clefs de cette vitalité. Le mouvement de moralisation de la vie politique est lancé, il doit parvenir à son terme. L’exemplarité, tout directeur de PME ou d’Etablissement Social le sait, est un outil essentiel dans le management de force vive. Sans une exemplarité de nos dirigeants, le délitement des fondements de notre société continuera de gangrener le contrat social.

Mais au-delà de ces réformes structurelles et morales de la sphère politique, il nous appartient d’armer aux mieux les citoyens, d’affuter leur sens critique, leur curiosité, leur sens du collectif, leur intérêt pour la chose public.

Etre citoyen est, dans la langue française le fait pour une personne de jouir, dans l’État dont il relève, des droits civils et politiques, et notamment du droit de vote (par opposition aux étrangers). Mais la littérature sur l’essence de la citoyenneté démontre que le rôle du citoyen ne saurait se cantonner à l’exercice de droit.

 

Tentons une définition de synthèse La qualité de citoyen est celle qui permet le libre exercice de la délégation de mandat (local et national et communautaire) dans un système démocratique, à des représentants, selon des modalités fixées par la constitution (système républicain). Cette qualité est lié à l’émergence d’un programme institutionnel par l’intermédiaire du quel l’Etat Démocratique et Républicain fait émerger une conscience politique de masse dans l’objectif de mettre en œuvre un système promouvant l’intérêt collectif (en lieu et place des intérêts personnels).

L’ensemble des dispositifs d’Etat participe à l’efficience du Programme Institutionnel[1] visant à permettre l’accession des individus à une conscience politique et citoyenne.

 

Pour moi, en tant que progressiste la qualité du programme mise en œuvre est un enjeu social essentiel. En démocratie, le Progrès n’est possible que s’il remporte l’adhésion d’une majorité large d’individus.

Si je souhaite que soit mise en œuvre une politique nouvelle, porteuses de solutions innovantes, sociales  il faut que : Les citoyens composant la société

– portent l’intérêt collectif en tant que valeur.

– ne se réfugient pas dans le conservatisme.

– aient construit un sentiment d’appartenance collective à un même groupe

– Croient en un destin commun.

 

Il est dès lors essentiel que notre système éducatif contribue au développement de telles valeurs. Or je prétends qu’il n’en est rien !

L’un des premiers éléments qui me permette d’affirmer que l’Education Nationale n’a pas été organisée pour promouvoir le développement d’une solidarité tient au fait que dans notre système le travail et la notation sont éminemment individuels. Un bon élève protège sa copie du regard du cancre, il travaille à sa table, écoute le professeur. D’une façon générale, l’entre aide n’ait que peu promu dans le système et plus on avance dans ses études, plus il s’agit de réussir seul. « Etre le premier de la classe », avoir de bonnes notes, être sage et attentif, soumis à l’autorité, sont les valeurs promus par la pédagogie classique.

Le sérieux dans le travail et la capacité à travailler seul sont des qualités non négligeables. Elles doivent être transmises aux adultes en formation. Mais elles doivent ne prennent leur pleine valeur que lorsqu’elles s’inscrivent comme des modalités différentes de travail. Nous devons aussi transmettre la capacité d’organiser un travail en équipe, d’apprendre ensemble, de faire réussir celui qui est en difficulté pour que le groupe avance.

Et pour reprendre le slogan d’Apple «  Pour cela aussi il y a des applications pédagogies » !

Ce lien social dont tant de politiques de gauches ou de droites, déplorent l’affaissement, doit se construire dès l’école. Il ne se construit plus à travers l’appartenance familiale à un catégorie sociale : ouvriers, paysans, artisans… . L’éclatement des grands groupes qui constituaient le corps social du 19eme et du début du 20eme réclame que nous inventions une nouvelle forme de liens entre les habitants d’un même pays. Et encore une fois l’éducation doit prendre un rôle central dans la construction de ce lien. L’Education Nationale n’est pas l’Instruction National, sa mission à toujours été bien plus large que la simple transmission de connaissance.  Elle doit être réorganisée, où les séismes sociaux que représentent les communautarismes et les égoïsmes continueront de secouer notre société.

D’autre part le système actuel présente un second écueil, il promeut la réussite par la soumission inconditionnel d’un individu : l’enfant, à un adulte tout puissant : le professeur. Tout ceux qui dérogeront à se principe de soumission, au moins de pur forme, seront peu à peu rejeter du système. L’élite est celle qui se soumet à une autorité paternelle.

La crise de l’autorité que connait aujourd’hui l’Education Nationale ne doit pas masquer le principe sur lequel elle est bâtit. Le fait qu’il est des établissements où cela ne fonctionne pas est certains. La violence de certains élèves dans  les établissements scolaires en atteste. La difficulté du travail d’enseignant dans les zones « sensibles » est indéniable et il y a un réel courage du corps des enseignants à tenter de transmettre un programme de connaissance à des enfants dans des conditions difficiles.

En grande masse, en dehors des zones difficiles, le programme de l’école est un succès, elle plie la volonté des enfants, les contraints, les soumets et exclus ceux qui ne rentre pas dans le moule. La voie professionnelle n’est qu’un des exemples de ces modes d’exclusions du savoir (car le contenu appauvrie des programmes des matière générales montrent bien le peu d’ambition que la société nourrit pour ces jeunes), les classes relais, les ITEP[2] sont d’autres modalités de ces exclusions du système.

Se soumettre où être exclu, voila le projet social que nous offrons à la jeunesse.

Or Alice Miller montre parfaitement et dans l’ensemble de son œuvre, que l’apprentissage de la soumission dès le plus jeune âge d’enfant par l’humiliation conduit à la construction d’adulte prêt à se soumettre à l’autorité d’un leader charismatique.  Miller trouve ses illustrations dans l’aveuglement d’une société allemande forgé par des « pédagogues » particulièrement autoritaire, manipulateur et pervers.

Nous ne vivons évidemment plus dans cette société là. Mais les scories de l’autoritarisme restent inscrites dans le fonctionnement des institutions. Elles les restent d’autant plus que notre représentation sociale de la place de l’enfant et de ses droits à évoluer. Les différentes conventions concernant les droits de l’enfant en témoignent à l’évidence. La pédagogie à l’école à suivi une évolution en deçà des principes affirmés par les conventions.

L’Education Nationale se débat dans une logique contradictoire : Elle utilise une pédagogie qui exige la soumission des enfants, le silence, l’obéissance Et elle ne dispose pas de moyen de sanction[3] des élèves lui permettant de mettre en place ces conditions préalables.

Elle invente, bricole et parfois, souvent, use de mécanisme peu pédagogique, voir humiliant et destructeur pour l’enfant : Faire ses devoirs « par terre », être mis au coin. Des témoignages de railleries, de propos humiliants utilisés par les enseignants me parviennent régulièrement. Tant que l’EN ne changera pas de pédagogie ou n’inventera pas de sanctions modernes,  éducatives, les enseignants seront laissés seuls face à leur classe, nu pour imposer leur autorité. Certains y parviendront, grâce à des qualités personnels exceptionnelles,  d’autre auront recours à l’instauration d’un climat de peur imposant l’ordre aux élèves, d’autres encore seront « débordés » et risqueront le burn-out.

La pédagogie à l’école doit répondre au triple objectif de :

– Créer du lien social, de la solidarité

– Former des élèves « savants » et « conscients »

– Former des adultes respectueux du droit et libéré de l’autoritarisme.

Ces objectifs étant remplis, elle permettra de facto l’insertion sociale et professionnels de notre jeunesse.

Non, penser l’Education Nationale en ces termes n’est pas une utopie ! Penser l’Education Nationale en ces termes est la simple prise en compte des réussites issues de l’éducation nouvelle de Freinet, Maria Montessori, A.S Neill …. . Il existe une autre pédagogie, il en existe même d’autres,  que la pédagogie frontale, et leurs efficacité en terme de transmission de connaissance est démontré, elles ne coutent pas plus cher économiquement.  Entamer une phase de transition vers une rénovation de la pédagogie c’est prendre en compte la souffrance des enseignants en leur proposant un nouveau projet, de nouvelles méthodes.  Se diriger vers une rénovation des méthodes pédagogiques c’est se diriger vers la construction d’une société plus solidaire, plus savante plus consciente : C’est-à-dire plus amène d’affronter les enjeux de demain : La crise écologique, la refondation de notre modèle économique.

Au regard de la proximité des épreuves qui nous attendent il est urgent de former une société qui est les ressources de les affronter.  La refondation de l’école ne peut avoir de sens qu’en entamant un mouvement en ce sens.