J’ai récemment écrit sur la question scolaire: l’économie globale de ce que je présentais à un homme politique de gauche portait sur l’inutilité d’évaluer des élèves tant qu’une réelle réforme de l’éducation nationale ne sera pas envisagée. Il faut, disais je, que l’école soit un lieu qui apprenne la collaboration et les valeurs de solidarité et de collaboration dans la pédagogie même qu’elle choisit pour transmettre un savoir aux enfants.
L’individu reconnaissait l’importance de ce débat. Mais pas avant les élections parce que c’est un sujet trop polémique.
La polémique ne fait pas gagner de voix, elle risque même d’en faire perdre, les débats divisent les électeurs. Le principe d’une campagne électorale est donc de chercher du consensus, de mettre en avant des positions que l’opinion publique peut accepter sans trop les discuter. Il faut que cela soit du bon sens.
Le problème est que nous ne sommes jamais en dehors des périodes d’élection, il y a toujours un enjeu pour les partis, tout les ans. Il n’y jamais donc le temps de débattre et de parler des projets et des idées!
Prenons exemples: depuis 2007 nous avons, tous les ans, une élection
2007: Présidentielles et législatives
2008: Municipales et élection partielles pour des cantonales et des sénatoriales
2009: Européennes
2010: Régionale
2011: Cantonales et Sénatoriales
Et 2012….
Les élus locaux adaptent leurs politiques pour soutenir le candidat à l’échéance nationale. Les conseils généraux, par exemples, votent des budgets qui serviront avant tout à rendre visible les mérites de leur famille politique . Les Yvelines votent un budget où 800 millions sont destiné à la communication et dans le même temps font des coupes sombres sur les dépenses sociales: plus de prévention santé, réduction des budgets des établissements accueillant le public… .
Je suis près à parier que le budget communication, voiries ( ça se voit) et les aides pour les populations âgées explosent sur les territoires au détriments des actions à destination des populations défavorisées et ce principalement dans les territoires gérés par la « droite »‘ ( les citoyens bénéficiaires d’allocations d’aide sociale étant réputés voter à gauche) .
Les campagnes ont donc un double effet: elles impactent l’ensemble des budgets des collectivités locales (et nationale). Il s’agit de mener des actions visibles, de s’afficher, de montrer qu’on existe. Cela ne se fait pas nécessairement par un financement des actions d’aide aux populations essentielles mais dans une gesticulation qui nuit à la cohérence des programmes. Un département peut investir 18 millions dans un établissement en trois ans et décider de ne pas le doter de personnel suffisant pour le faire fonctionner parce que l’argent doit aller ailleurs.
Ces illustrations montrent que le besoin de visibilité des hommes politiques nuit à une gestion rigoureuse et cohérente des fonds publiques: je laisses à la cours de comptes le soins de mener une étude méthodique sur le sujet mais les quelques départements sur lesquels j’ai une visibilité alimentent ma conviction.
Le second effet réside dans le fait qu’a force de vouloir éviter la complexité des sujets pour éviter les polémiques qui risqueraient de diviser leur propre camps, les hommes politiques ne sont plus porteur d’idées fortes pendant les campagnes électorales. L’appauvrissement du débat pèse sur les électeurs et sur le niveau de conscience politique de la population. Le débat est pauvre parce que les hommes politiques ont peur de faire réfléchir les électeurs.
Me voici donc avec deux problèmes générés par le fonctionnement de la Veme république:
– Les fonds publics sont mal utilisé car mis au service de campagnes éléctorales et en cela rendent impossible une politique sociale, d’aménagement du territoire, de santé et éducative cohérente dans le temps.
-Les complexes des hommes politiques les amènent à appauvrir la conscience politique des citoyens.
Si je n’avais une profonde conviction que nous devons vivre dans un système où le peuple préside à sa propre destinée je tournerai là le dos à la démocratie. Mais étant utopiste par principe il va falloir que je m’astreigne, avec ceux qui le voudront, à imaginer comment sortir de cette chausse-trappe .
Si nous ne trouvons pas un moyen d’inscrire les politiques publiques dans une durée et dans une stabilité législative et financière nous voila condamné à la faillite au niveau mondial:
– Impossible de mener une politique écologique responsable alors que l’urgence est là (selon certains spécialistes il est déjà trop tard pour éviter la monter des océans du fait du non-respect de Kyoto)
– Impossible de mener un politique financière, fiscale, de l’emploi, qui ne soit pas dirigé par le soucis des effets d’annonce: Le peuple le paye de plus en plus fortement.
La politique doit redevenir un sacerdoce habité par des porteurs d’idées et de principes